Comment ArianeGroup utilise la réalité virtuelle au quotidien

Solution unique

Si les premiers pas dans le monde de la réalité virtuelle ont été faits sur un logiciel d’Airbus Group Innovations au début des années 2010, c’est en 2018 qu’ArianeGroup a fait appel à la start-up Skydea et sa solution de réalité virtuelle clé en main. Basée sur le moteur de jeu Unreal Engine, Skyreal est une solution suffisamment puissante et adaptative pour répondre aux besoins des différents secteurs d’ArianeGroup grâce à un seul et même logiciel. Le tout premier secteur à l’avoir utilisée est celui de la production des lanceurs. En utilisant la réalité virtuelle pour valider des conceptions de produits et d’outillages, définir des aménagements d’installations existantes ou de nouveaux bâtiments, penser l’ergonomie des postes de travail ou visualiser des machines à taille réelle, il est d’autant plus simple de simuler des situations et d’identifier les problèmes. C’est d’ailleurs pour cela qu’une bonne partie des nouveaux bâtiments dédiés à la fabrication d’Ariane 6 sur différents sites d’ArianeGroup en France, en Allemagne et à Kourou ont été créées virtuellement. Une expertise qui s’étend également aux bureaux d’études et d’ingénierie qui peuvent désormais s’immerger à taille réelle dans des maquettes 3D.

Etude ergonomique de station d’assemblage d’un moteur d’Ariane 6 à Vernon, France.

Une initiation rapide et intuitive
Chaque session de validation d’un nouveau processus industriel (montage des pièces, tests, maintenance) est encadrée par un opérateur qui s’assure de son bon déroulement en impliquant au maximum tous les participants d’un projet pour qu’ils puissent prendre réellement conscience du résultat attendu. Pendant 2 à 3 heures, voire une journée entière pour les sessions les plus longues, les intervenants se succèdent pour vérifier les pièces, leur accessibilité, prendre des mesures et parfois même des décisions en temps réel. 

 

Aujourd’hui les salles de réalité virtuelle ont été remplacées par des installations mobiles composées d’un casque, de caméras et d’un ordinateur qui tiennent dans une simple valise, permettant d’organiser des sessions sur le site de son choix. Une fois dans la simulation, l’initiation est très rapide. Il suffit de quelques minutes pour apprendre à se déplacer, voler, se téléporter ou attraper des objets. La simulation est si réelle qu’il est possible d’activer un mécanisme tout juste créé pour vérifier son fonctionnement ou même de s’entraîner à remplacer une pièce avant même sa mise en production. La réalité virtuelle permet en effet d’anticiper les difficultés et les risques et d’ajuster la production avant même qu’elle ne commence. A l’issue d’une simulation, il est aussi possible de mettre directement à jour la conception de certains composants, en reliant le logiciel RV avec le système d’information de l’entreprise.

“Le gain de temps est non négligeable et permet de mieux identifier les problèmes. L’un de nos ingénieurs qui voyait tous les jours sa modélisation 3D s’est rendu compte après 5 minutes d’immersion qu’un élément était mal placé.” Christophe Reig

Avantages multiples
Outre la visualisation à l’échelle 1 d’un produit ou d’un atelier, la réalité virtuelle permet des gains de temps considérables. L’exemple le plus parlant est sans doute celui qui a permis de diviser par trois le temps de définition du design préliminaire de la tuyauterie d’un moteur de nouvelle génération d’Ariane 6. En permettant au designer de tracer une définition préliminaire du réseau de tuyauteries en réalité virtuelle, le travail de CAO a été grandement facilité et a permis de limiter considérablement les boucles de prise de décision, les itérations de conception et le nombre de maquettes réelles. 

 

C’est en faisant de la réalité virtuelle un réflexe que de telles expériences seront amenées à s’étendre. C’est pourquoi ArianeGroup mise sur le développement de formations certifiantes pour développer les compétences de ses collaborateurs et leur permettre de s’entraîner en conditions quasi réelles avant d’accéder aux ateliers. De même, la réalité virtuelle a un vrai rôle à jouer en tant qu’outil collaboratif étendu, et quand on voit la rapidité du développement dont a bénéficié cette technologie au cours des dix dernières années, beaucoup d’espoirs sont permis. Comme celui de travailler en collaboration directe depuis les quatre coins du monde, qui pour l’instant est ralenti par des contraintes de cybersécurité. Dans le futur, il sera probablement possible de connecter sur une même session des collaborateurs basés à Kourou, Brême, Ottobrunn, Bordeaux, Les Mureaux ou Vernon, pour travailler simultanément sur l’installation d’un nouveau système ou préparer un lancement.

Utilisation de la VR pour tester l’installation d’équipements dans le réservoir de l’étage supérieur d’Ariane 6 à Brême, Allemagne.